Alors, tout ne se passe pas exactement comme cela ... D'abord, Lula a voyagé avec de nombreux compagnons car d'autres chiens partaient pour être adoptés en Belgique et en Hollande. Et puis, en matière de paysage, les chiens ne peuvent pas voir grand chose vu qu'ils sont installés dans des kennels, dans une camionnette dépourvue de fenêtre à l'arrière. Et puis surtout, ils sont sédatés car le trajet est long, très long de l'Espagne jusqu'en France et a fortiori jusqu'en Hollande. Pour éviter des stress inutiles à tout le monde, chiens et conductrices, il est plus sage que les chiens soient calmes durant le trajet.
Après deux heures de route, une route pleine de nuit, de pluie et de nappes de brume, me voici à 3H30 du matin au lieu de rendez-vous. J'y retrouve Sylvie et Pascal qui accueillent Maxine. Nous nous offrons un café bien mérité, discutons de la marche à suivre lors de la descente des chiens : double laisse, collier + harnais, récupération du carnet de santé, pages à scanner pour l'enregistrement rapide de la chienne sur le sol français et parlons encore et toujours ... des lévriers.
Vers 3h45, la camionnette est en vue. Le timing est respecté et je ne peux m'empêcher d'admirer Maria Josée et la bénévole qui l'accompagne pour le travail qu'elles accomplissent. Sourires radieux malgré l'heure matinale et la fatigue qui se lit sur leur visage, elles sont supères agréables et détendues. Maria Josée nous donne à chacune le carnet de nos chiennes respectives et c'est le moment de la libération.
Maxine descend la première. A l'intérieur, les chiens s'agitent et l'on entend des aboiements de protestation. Vient le tour de Lula ... Je suis dans mes petits souliers, les poches qui débordent de laisses et autre harnais. Et la voilà enfin : Elle est toute chiffonnée du voyage, le poil en bataille, l'air endormi et le regard vague. Elle sent le chenil, la vie en refuge, cette odeur si particulière que tout ceux qui ont un jour adopté un chien spa connaisse. Un parfum aigre. Elle est toute fine et délicate, élégante. Maria lui dit des petits mots doux en espagnol pour l'apaiser. Je caresse sa tête toute en os et en angles, son thorax profond, ses pattes d'une longueur démesurée ... Elle est ... magnifique. Pendant ce temps, nous lui avons passé le collier (beaucoup trop grand pour son cou délicat !! Elle est si menue.) et le harnais (ouf ! lui, c'est ok) et accroché les deux laisses à chacun. Maria et son amie m'aident dans les manoeuvres, tout en tenant fermement la chienne avec une corde nouée autour de son cou. Une fois mes laisses bien en main, Maria retire la corde.
Je m'empêtre dans la chienne qui s'évertue à fourrer son museau à l'abri entre mes jambes ! Elle est inquiète et se fait toute petite. Nous faisons quelques pas, elle a la démarche hésitante. Elle ne sait pas trop quoi faire, ni où aller.
Maria nous fait signe qu'elles vont repartir. Nous nous disons au revoir, imaginant la longue route qui reste à faire. La camionnette s'éloigne. Il est temps de regagner la maison.
Je guide Lula vers la voiture, elle est toute perdue et déboussolée. Une fois installée, j'accroche la ceinture de sécurité-laisse à son harnais. Elle se couche de suite, glisse son museau sous une patte.
Dernier au revoir à Sylvie et Pascal, me voilà prête à rentrer. Il est 4h, je ne sens plus la fatigue. Elle est là, tout s'est bien passé. J'ai la tête pleine de questions mais je me sens sereine. Maintenant, tout reste à faire mais surtout, rentrer entières car nous avons encore deux heures de trajet !!
6h du matin, une route pleine de pluie et de blanc : un brouillard à découper au couteau, surtout vers la fin. J'ai l'impression qu'on ma jeté des brouettes de sable dans les yeux !! Je suis sonnée de fatigue mais enfin au chaud à la maison. Lula dormait profondément, j'ai eu du mal à la faire descendre. Dans la cuisine, elle renifle partout. Arthur, mon vieux matou, vient voir s'il ne serait pas l'heure de manger un morceau et se retrouve nez à nez avec elle. Elle pigne mais je ne sais pas trop si elle a envie de jouer ... J'entends mes trois divas qui s'agitent derrière la porte. Il va falloir faire les présentations avec diplomatie.
Je m'accorde une petite pause puis fait rentrer Moon. Génial ! Les queues s'agitent, on se renifle. Moon est vraiment relax. Et puis, elle est surtout heureuse d'être au chaud et petite nouvelle ou pas, elle file se coucher amoureusement dans son panier. C'est au tour de Mira, plus entreprenante et que Lula remet fermement à sa place. Rien de bien méchant. Elles se jaugent, Mira semble reconnaître une soeur d'infortune (elle vient d'un refuge elle aussi).
Je n'attends pas trop et fais enfin rentrer Luna, qui s'impatiente derrière la porte. Elle va franchement au contact, et Lula lui jappe au museau. Luna ne s'émeut pas outre mesure de cette attitude et y retourne. Lula aboie derechef et Luna semble soudain surprise par la volonté de cette petite jeune qui ne manque pas de caractère. Comme Mira, il me semble qu'elle reconnaît en cette chienne le souvenir des années galères à la spa. Elle en reste là et vient me réclamer des caresses. Mira suit le mouvement et je me retrouve bientôt cernée par mes trois "filles", cherchant auprès de moi la confirmation que tout ceci ne change rien, qu'elles sont toujours les plus belles et que, très certainement, la petite nouvelle ne fera que passer !!
Bon, jusque-là, tout va bien ...