Source : les états d'Anne
Anne, ma chère Anne ...
Au secours ! Que ceux qui attendent une réponse plus personnelle de ma part me pardonnent, je traverse une épreuve terrible, une intoxication grave qui me cause des lésions cérébrales et me rend inapte à la réflexion au moins pour un moment.
Je fais un boulot qui demande à la fois un engagement de cœur et de l’énergie physique, faut pas avoir peur de se retrousser les manches, c’est prenant et fatigant, mais cela me plait et me convient, il y a un seul point terrible : il m’oblige pendant de longues heures sinon à regarder du moins à entendre la télévision.
Et là vraiment, il m’arrive de me sentir le cerveau envahit par une vague de pollution mentale d’autant plus néfaste que je suis alors entourée de gens qui prennent ce que montre la télé pour vérité du monde. Si j’aime mon boulot et ceux avec et pour qui je bosse, qui ont de grandes qualités humaines et de cœur, je ne me sens pas le courage d’entrer dans un débat qui remettrait en question cette vision du monde. Il faudrait tout reprendre depuis les bases, et ce n’est pas dans mes cordes en ce moment.
Je ressors de ces épreuves terriblement perturbée. Ce ‘est pas facile de digérer comme cela des quantités de désinformations flagrante et de divertissement stupides sans que le moral s’en ressente et sans que cela crée une cassure entre les recherches de mon Temps Libre, les rencontres avec ce monde d’intelligence des chercheurs de vérité qui fleurit sur le web.
Arrivée de la montagne à la ville j’ai subi un choc de civilisation, celui qui sépare le monde des jardiniers de planète de ceux qui en sont les machinistes. Je subis maintenant d’autres chocs, ceux à répétition entre ce monde réel dans lequel je vis et le monde du web que je fréquente d’une part, et la difficulté de faire face à des consciences qui évoluent dans le monde fictif que le pouvoir a créé à leur intention. J’ai ce même sentiment détestable que je peux ressentir quand je croise des gens que je connais dont la conscience à basculer temporairement ou définitivement en conséquence d’usages abusif de médicaments, alcool et autres drogues dures. Dois-je en conclure que la télévision est une drogue dure a accoutumance qui permet à ceux qui s’y sont accoutumés d’en consommer des doses qui pour le non-initiés peuvent être profondément blessantes, voir mortelles ?
Marcuse disait que pour comprendre ce qu’il y avait dans la tête des gens autour de nous, l’opinion publique, il fallait se contraindre à quelques séances de télévision et je comprends très bien ce qu’il veut dire. Seulement, si ce qu’on pouvait voir à la télé de cette époque ne volait pas bien haut, aujourd’hui, c’est carrément effrayant pour un esprit non préparé comme le mien. Il aura fallu des dizaines d’années de savant grignotage des consciences et des intelligences, comme pour tout poison, une mithridatisation pour que les cerveaux puissent recevoir de telles doses de poison sans accuser un état de choc ; comme ce n’est pas mon cas, je ressors complètement perturbée : « Comment est-ce possible ? Comment peut-on se passer (et le perdre) le temps à se gaver de telles conneries ? » ; J’ai ressenti les mêmes symptômes mais atténués lors de mes derniers « bains de ville ».
Sans avoir à regarder la télévision, il est tout à fait possible de percevoir dans les comportements la nouvelle matrice d’opinion qui en dépit de toute logique stigmatise les pauvres plutôt que la pauvreté. Quelque chose a changé dans le regard de ceux qui sont (encore) de l’autre côté de la barrière, les regards se font torves et soupçonneux, méprisants vers ceux qui habitent la rue. J’ai l’occasion dans ce temps que je passe en compagnie d’habitants de la rue de percevoir ce changement de manière palpable, un regard de mépris n’atteint pas de la même manière qu’un regard de sympathie ou de compassion. Pour moi qui le constate à intermèdes décalés, le changement est violent.
J’ai assez d’éléments pour pouvoir retracer la création volontaire de cette matrice d’opinion… et tout autant pour comprendre dans quel but elle s’interpose entre les habitants d’une même ville, d’une même région, d’un même pays. J’aurai l’occasion de développer cela quand j’aurai la disponibilité d’esprit qui me permettra de poursuivre le travail critique de mise en forme d’un écho de paroles partagées, celles des « misérables » jugeant l’action des pouvoirs pas très publics et des associations institutionnalisées qui les concerne.
Dans une vie vagabonde il est impossible de conserver avec soi sa bibliothèque, ses notes, ses références, il faut tout avoir en mémoire, et personnellement il me faut un peu de recul et de tranquillité pour avoir la concentration nécessaire pour ce genre de travail. C’est pourquoi vous avez plus souvent droit à des premiers jets truffés de fautes… c’est cela ou rien, le fond plutôt que la forme entre l’urgence d’un monde en perdition et une vie comme une petite barque perdue sur le grand lac, il faut souvent ramer pour garder le cap, auquel cas le blog est loin de mes pensées.
C’est certainement une de mes réponses à ce système qui produit à tour de bras des autodestructions induites… vous ne m’aurez pas. Je refuse d’entrer dans vos méandres d’hypocrisie et de faux-semblants, je refuse de grimper votre échelle sociale, n’y pensez même pas !. Ni la carotte, ni la contrainte, ni la menace ne feront de moi votre complice. Bref je refuse de collaborer. Y compris et avant tout à mon reformatage en vue d’intégration, mon défi est donc de me donner les conditions d’une vie décente et intègre en me glissant dans les failles de plus en plus étroites que laisse le système aux marginaux. Mais c’est sans doute parce que j’ai quelques armes mentales pour résister aux tentatives de formatage que j’en perçois d’autant mieux les ravages chez d’autres qui n’ont pas les outils conceptuels pour contreffectuer les matrices idéologiques du système, véritable lavage de cerveau et dont la télévision est un vecteur incontournable.
Si la désobéissance civile se définit comme action collective, l’objection de conscience est un choix personnel. Et ma conscience objecte et s’oppose à la globalisation.
Parce que mon intime conviction est que la Machination de la planète met en œuvre des processus de destruction irréversibles de la vie et de ses conditions de possibilité, et que quand bien même cela marcherait, ce qui n’est pas le cas, je ne veux pas du projet de monde global qui tente de s’imposer comme seul possible, dans le plus absolu totalitarisme que l’on ait vu de mémoire humaine.
Alors que nous sommes parvenus au moment où l’espèce humaine devrait se constituer comme telle, cherchant ensemble comment habiter sagement (écosophiquement) la planète, en bons voisins, nous assistons à un éclatement de l’espèce. C’est dans l’article consacré à la « capitale de SDF » - SKID ROW, L.A., USA - que je vois, pour la première fois dans ce contexte, le terme infrahumains, les auteurs latinos ayant moins de pudeur « politiquement correcte », ils n’hésitent pas à appeler les choses par leur nom, et si cela choque tant mieux… parce que c’est la réalité, c’est un constat que l’on retrouve partout où sévit la misère et en particulier la misère urbaine ; des personnes privées des moyens de la dignité et du bien-être dans la plupart des cas se dégradent inexorablement, c’est cette « Chronique d’une autodestruction induite »,dont je montrerai quelques mécanismes ultérieurement.
Lisez Greek Crisis de Panagiotis Grigoriou, qui est sans doute plus édifiant pour comprendre ce qui se produit chez nous, parce que plus proche. Vous prenez des gens normaux, vous les plongez dans la misère et leur caractère va se dégrader au même rythme que leur santé, que leur volonté. J’ai lu une citation de l’Abbé Pierre qui disait qu’il faut trois jours de rue pour faire un SDF quelles que soient les origines sociales de la personne, ce n’est pas tout à fait vrai, cela dépend de la persistance ou non de réseaux de solidarité informelle dans lesquels une personne est intégrée, mais qui ont effectivement tendance eux à se désintégrer en proportion de la déchéance de la personne. Mais oui, cela illustre bien cette notion d’attracteur fatal… hier une personne avec une histoire, un destin et demain la réduction au plus petit dénominateur commun « SDF » dans ce cas ; faut être bien accroché pour résister et les niches affectives jouent un rôle protecteur fondamental. C’est le parachute qui ralenti d’autant la descente vers le fond du gouffre. Je vois des gens que j’aime bien se transformer sous le poids de la misère et de l’absence de perspective d’avenir ; je sais que c’est un incroyable gâchis de qualités humaines, de talents, de savoirs faires qui auraient été tout à fait à leur place, pour le plus grand bien et plaisir de tous dans une société conviviale, et qui faute de lieux où s’épanouir périclitent et s’(auto)détruisent.
Infrahumains donc eux qui sont plongé dans l’indignité, et hors humanité ceux qui ont pris les décisions qui les y plongent et sont les mêmes que ceux qui sont en train d’assassiner une partie de l’humanité pour le bon fonctionnement de leur Machine Infernale, de leur système-monde. Toute leur (dé)formation fait d’eux des rouages de la machine chargés de veiller sur sa perpétuation et son bon fonctionnement en utilisant les méthodes d’ingénierie… un système dans lequel la fonction prime sur la personne, la transformant en individu, autre attracteur fatal, autre plus petit dénominateur commun.
Ceux qui se sont mis ainsi Hors humanité, s’autoproclamant élites - à part et au-dessus de – s’arrogeant le droit de décider pour tous sans consultation de l’avenir de la planète, en se justifiant des illusions qu’ils se font sur leur propre compte, donc, moi je les appelle humanoïdes parce que leur pensée a été formatée sur des modes machiniques en contradiction avec les modes de pensée et d’être du vivant en général, de l’humain en particulier… Objectivement ils servent un projet de monde dans lequel l’humain naturel est incapable de survivre.
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